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Contre la pénalisation de la prostitution
16 juin 2014

Les putains respectées

 

putains-respectees    A l'époque médiévale, le métier de prostituée était reconnu, et les filles bénéficiaient d'une certaine protection des autorités.

Extraits d'un article de André Burguière sur le livre : « Amours vénales. La prostitution en Occident XIIe-XVIe siècle » par Jacques Rossiaud, Aubier, 384 p., 25 euros;  article du « Nouvel Observateur » du 25 novembre 2010  en ligne sur :

http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20101202.BIB6021/les-putains-respectees.html

Pour comprendre l'extraordinaire développement de l'amour tarifé dans les villes d'Europe du XIIe au début du XVIe siècle, il faut renoncer, selon lui, à la vision moralisatrice du XIXe siècle qui faisait de la prostituée une épave sociale et morale mais aussi à la vision victimaire actuelle, inspirée par les dénonciations féministes de l'oppression masculine.

En exigeant que les pensionnaires puissent quitter librement leur emploi dès qu'elles le souhaitaient, les autorités les empêchaient de tomber entièrement sous la coupe d'un ruffian ou de la tenancière. Cette protection légale, même modeste, rejaillissait sur l'ensemble du milieu. La prostitution était un métier reconnu, non une damnation.

Ce métier n'était pas une sinécure. Il exposait ces femmes à la violence des hommes ; mais guère plus que la vie conjugale de l'époque qui laissait au mari tout loisir de battre sa femme ou de la prendre de force et plutôt moins que les dangers de la rue où les viols collectifs étaient fréquents et très légèrement punis quand la victime était de basse condition. Les risques que l'afflux de célibataires, manouvriers, compagnons artisans ou jeunes clercs, pouvait faire courir à la vertu des femmes de leurs propres maisons ont sans doute compté pour décider les notables urbains à patronner ces exutoires des pulsions masculines.

On assiste à partir du XIIIe siècle à une réhabilitation de la vie terrestre et du désir amoureux que l'Eglise tolère désormais y compris chez les jeunes ou les clercs. Cette tolérance va disparaître au cours du XVIe siècle. Un peu partout en Europe le pouvoir civil ordonne la fermeture des bordels et des étuves cependant que les autorités religieuses s'emploient à enfermer la sexualité à l'intérieur de la sphère conjugale. La mise au pas n'a été efficace que durant un siècle à peine. Mais la reprise vigoureuse de la prostitution au XVIIIe siècle s'est trouvée associée à une image de délit dont la flétrissure ne s'est jamais complètement effacée.

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Contre la pénalisation de la prostitution
  • Il s'agit de réunir des ressources permettant de s’opposer à l'adoption définitive de la loi de pénalisation de la prostitution, d’en limiter les nuisances, de la ridiculiser (ainsi que ses souteneurs) et d’aider les futures victimes à se défendre.
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