Les putes, cinéma, littérature, arts plastique, par G. Scarpetta, 2009

Les putes, cinéma, littérature, arts plastiques,

par Guy Scarpetta, Sémiose éditions, Paris 2009

Pas de moraline, pas d'hygiénisme, pas de psychologie, pas de sociologie ni de féminisme imbécile et politiquement correct. Des présentations d'oeuvres, des photos de films, d'archives et de tableaux et collages de styles variés ainsi que des textes brefs et intéressants. Et des références commentées, littéraires et cinématographiques.

Vous trouverez notamment un Éloge de la prostitution  de Dominique Noguez dont l'enthousiasme est quelque peu ironique, un poème de Jean-Jacques Lebel dont voici le début et la fin :

TU VIENS CHÉRI,

Viens consommer du mythe, viens voir les filles publiques, les filles soumises, les filles de l'air, les filles de joie, les filles à soldats, les beefsteacks, les poules, les grues, les souris, les chiennes, les tigresses, les diablesses, les vamps, les vampires, […], l'État proxénète, le ministère de l'Organisation libidinale, les juges, les avocats marrons, la prébende, les pots-de-vin, le contrôle, la surveillance, les statistiques, les rapports de police, l'espionnage sexuel, les scandales, les ballets roses, le blues, le désespoir sans appel, l'amor.

Alors, tu viens chéri ?

Vous trouverez des lettres de Grisélidis Réal à Jean-Luc Hennig dont voici des extraits :

Une Pute qui se respecte vivra jusqu'au bout de son Cul, et non de son cerveau […] Mon petit Bordel Populaire monté pendant quatorze ans et demi à Genève à la force du Cul est détruit. Plus de clients. Je ne suis jamais chez moi, toujours à faire la Pute intellectuelle à France-inter, France-culture, […] Mais mes pauvres Turcs, mes Arabes, mes Portugais, mes Espagnols, mes Italiens, y avez-vous pensé ? À toutes ces queues en détresse privées de leur Chatte habituelle ? Et mes bourgeois suisses ? Et français ? Belges peut-être ?

C'est un crime contre l'humanité que de se promener dans les librairies et les salons du livre en laissant tous ces hommes solitaires, qui ont faim de tendresse et de caresses, où vont-ils aller décharger leur foutre désespéré ?

Il est grand temps que je me remette à aimer, après deux ans d'un manque absolu, m'étant trouvée entièrement solitaire pendant ces deux ans, ne faisant plus aucun client (et ô combien je le regrette), plus un seul corps d'homme, plus leurs odeurs, leur poids, leur sueur, leur voix, leurs gémissements pendant l'amour, qui entretenaient si bien en moi une fascination pailletée d'horreur, de dégoût, de volupté aride et pourtant veloutée à de certains moments...

Une grande partie de moi-même s'en trouve mutilée.